Les facteurs de risque et la prévention
Le tabagisme est responsable du développement de nombreux cancers. Il a également été montré qu’il était à l’origine d’une diminution de l’espérance et de la qualité de vie, pendant et après la maladie.
Première cause évitable de décès dans le monde, le tabagisme est un problème sanitaire majeur. En France, il est responsable de 75 000 décès chaque année, dont 45 000 dus à un cancer.
Les cancers du poumon sont les principaux cancers provoqués par le tabagisme. Les études épidémiologiques ont également montré que le risque pour un fumeur de développer un cancer du larynx, du pharynx, de la bouche, du nez, mais aussi de l’œsophage, de la vessie, du pancréas, du rein, de l’estomac, du foie... est plus élevé que celui du reste de la population. Aujourd’hui encore, les liens entre le tabagisme et la survenue d’autres cancers sont fréquemment mis en évidence par les chercheurs.
Lorsqu’une cigarette se consume, elle dégage environ 250 substances dangereuses dont 70 sont des cancérigènes avérés.
Parmi ces dernières, on compte de nombreux constituants des goudrons ainsi que certains métaux lourds (arsenic, plomb...). Leur action n’est pas limitée aux voies respiratoires puisque ces composés passent dans le sang via les poumons et contaminent alors l’organisme entier. Lorsqu’ils pénètrent dans une cellule, ces produits modifient son ADN et augmentent ainsi les risques de mutations génétiques, dont certaines peuvent être à l’origine d’un cancer.
Entre 2005 et 2010, pour la première fois depuis le vote de la loi Évin (1991), le tabagisme a augmenté en France : la proportion de fumeurs chez les 15-75 ans est ainsi passée de 31,8 % à 33,6 %1. Chez les hommes, la baisse du tabagisme observée depuis les années 1970 a tendance à stagner et le tabagisme féminin remonte2.
Arrêter de fumer doit être une décision personnelle mûrement réfléchie. Pour y parvenir, il est important de se préparer, de planifier, d’être bien entouré et surtout d’être patient.
On entend souvent que le premier jour d’arrêt peut être associé à un heureux événement (anniversaire, naissance, nouvelle année...) ou qu’il est conseillé de profiter d’une période sereine de sa vie privée et professionnelle. En réalité le bon moment est celui que vous choisirez.
Il peut être bon de demander à un proche de jouer un rôle dans votre démarche ou au moins de ne pas vous tenter !
Il est capital de réduire les « temps morts » et les occasions de fumer en préparant son emploi du temps. Dans les premiers jours, il peut être bénéfique de privilégier les endroits non-fumeurs, de boire beaucoup d’eau et, si nécessaire, de commencer à utiliser un substitut nicotinique.
Plusieurs essais sont parfois nécessaires. Qu’importe, chaque tentative rapproche du succès. Envisager un arrêt progressif peut également être une solution.
Elle concerne deux tiers des personnes en sevrage tabagique (2,8 à 3,8 kg en moyenne)3. Une attention portée aux habitudes alimentaires et à l’activité physique lors des premières semaines suffit en général à contrôler en grande partie cette prise de poids. Retrouver le goût et l’odorat permet de manger plus sainement.
Un trouble psychique plus ou moins profond et passager peut être provoqué par le manque. Sa prévention est possible grâce au traitement de la dépendance.
Parce que la bonne volonté et le soutien des proches ne suffisent pas toujours, parce que la dépendance existe, des supports sont là pour aider les personnes qui souhaitent arrêter de fumer.
Il est capital de discuter de sa démarche avec son médecin traitant ou avec un tabacologue. La plateforme Tabac Info Service (39 89) oriente vers des consultations de tabacologie ou met directement en relation téléphonique avec un spécialiste. Ces professionnels accompagnent les fumeurs dans leur projet de sevrage et les aident à envisager un soutien, médicamenteux ou non.
Les substituts, disponibles sous différentes formes (patch, pastille, gomme à mâcher, inhalateur, spray buccal), dispensent une dose mesurée de nicotine et permettent de compenser le manque. La dose doit être réduite progressivement pour faire disparaître la dépendance physique. Ces substituts sont actuellement pris en charge à hauteur de 50 euros par an et de 150 euros pour tous les jeunes de 20 à 25 ans.Les médicaments oraux (varénicline ou bupropion) limitent les effets du manque. Ayant un impact potentiellement fort sur l’équilibre psychique, leur prescription doit être associée à un suivi médical strict.
Les thérapies cognitivo-comportementales visent à modifier le comportement des fumeurs en s’appuyant sur l’analyse du
ressenti et des émotions. Elles aident à entretenir la motivation et peuvent aussi être utiles après le sevrage, pour éviter la rechute.
D’autres approches, même si elles ne sont pas officiellement reconnues, semblent aussi aider certains fumeurs : l’acupuncture, l’hypnose, la sophrologie ou la phytothérapie par exemple.
La cigarette électronique n’est pas recommandée à ce jour par la Haute Autorité de santé (HAS) pour l’aide au sevrage, son efficacité et son innocuité étant encore peu évaluées. Pour autant, du fait de sa toxicité moins forte que celle de la cigarette, son usage ne devrait pas être découragé chez un fumeur qui souhaite arrêter.
Réponse :
Non. Le filtre des cigarettes « légères » permet à l’air ambiant de se mélanger à la fumée lorsqu’elle est aspirée et donc de la diluer. Cela réduit donc la proportion des produits toxiques présents dans une bouffée normale. Mais le fumeur apprend inconsciemment à inhaler plus intensément pour recevoir une dose « satisfaisante » de nicotine, ce qui augmente d’autant la dose de produits cancérigènes...
Réponse :
Non. Contrairement à ce que croit 70 % de la population, l’activité physique ne compense pas les effets cancérigènes du tabac4. Les effets cancérigènes de la consommation de tabac sont en effet bien plus forts que ne le sont les effets protecteurs de l’activité physique.
Réponse :
Oui. Dès la première cigarette, le risque de cancer existe. Si la grande majorité des gens sont conscients du fait que fumer favorise les cancers, les « petits fumeurs » (moins de 10 cigarettes par jour) ont tendance à considérer que le risque n’existe que pour une consommation supérieure à la leur5. Or les études montrent que la durée du tabagisme est bien plus importante que le nombre de cigarettes fumées : si on triple la dose de tabac, le risque de cancer bronchique augmente d’un facteur 3 ; si la durée du tabagisme triple, le risque de cancer bronchique augmente alors de façon exponentielle (10 x 10 x 10), donc d’un facteur 1 000.
1. Cancers et tabac, INCa, coll. fiches repère, 2011.
2. Guignard R., Beck F., Richard J.-B., Peretti-Watel P. Le tabagisme en France : analyse de l’enquête Baromètre santé 2010. Saint-Denis, Inpes, coll. Baromètres santé, 2013 : 56 p.
3. Sevrage tabagique et prévention des cancers, INCa, coll. Fiches repère, 2011.
4. Sevrage tabagique et prévention des cancers, INCa, coll. Fiches repère, 2011.
5. Site de la MILDCA : www.drogues.gouv.fr/comprendre-laddiction/presentation/definitions/
Dossier réalisé avec le concours du Docteur Anne Borgne,de l’équipe de liaison et de soins en addictologie au centre hospitalier de Cornouaille (Quimper).